Stress et travail

Ergomanie (workaholism) : Quand le travail devient une drogue

Qu’est-ce que l’ergomanie ?

Tu connais sans doute les dépendances classiques — alcool, tabac, drogues — mais il existe une dépendance moins visible, mais tout aussi insidieuse : l’ergomanie, ou workaholism. Dans notre société où la productivité est reine, certaines personnes développent une relation presque compulsive avec leur travail.

Ce n’est pas seulement une question d’aimer ce qu’elles font, mais de ressentir un besoin irrépressible de travailler pour calmer une tension intérieure, comme un « fix » qui soulage temporairement le stress ou l’anxiété.

Les signes à surveiller

Les ergomanes travaillent souvent bien au-delà de ce qu’on attend d’eux. Leur performance initiale peut sembler exemplaire, mais à long terme, ce rythme épuise autant leur corps que leur entourage. L’ergomanie peut se manifester par des pensées insistantes et intrusives liées au travail, une fatigue constante, des troubles du sommeil, de l’anxiété, une humeur dépressive et des problèmes physiques comme l’hypertension.

Dans la vie familiale, ces comportements peuvent générer frustration et conflits : un parent penché sur son ordinateur pendant le match de soccer de son enfant ou vérifiant ses courriels en vacances illustre bien cette dynamique. Souvent, ce sont les proches qui remarquent le problème avant la personne elle-même.

Les différents profils d’ergomanes (Robinson)

Il existe différentes typologies d’ergomanes, qui aident à comprendre comment cette compulsion se manifeste. L’ergomane infatigable travaille constamment, sans relâche, en commençant et complétant de nombreux projets. L’ergomane boulimique oscille entre procrastination et périodes de travail frénétiques, parfois jusqu’à l’épuisement. L’ergomane avec déficit d’attention cherche constamment de nouvelles stimulations et a du mal à terminer ce qu’il commence, sautant d’un projet à l’autre pour maintenir son adrénaline. Enfin, l’ergomane savoring est perfectionniste, méthodique et lent, prolongeant chaque tâche jusqu’à ce qu’elle atteigne un niveau de satisfaction irréaliste, au point de retarder l’avancement global.

Pourquoi certaines personnes deviennent-elles ergomanes ?

Les causes de cette dépendance au travail sont variées. Certaines personnes y sont prédisposées en raison de traits de personnalité obsessionnelle ou d’un besoin de contrôle intense. D’autres développent cette compulsion pour fuir des problèmes personnels ou pour compenser une faible estime de soi. L’environnement familial peut aussi jouer un rôle, notamment si les parents ou modèles valorisaient l’excès de travail. Dans tous les cas, l’ergomane place le travail au-dessus de tout, parfois au détriment de sa santé, de ses relations et de sa vie personnelle.

Comment se libérer de l’ergomanie ?

La prise de conscience est la première étape : comprendre pourquoi le travail occupe une place excessive et quel vide il cherche à combler. Ensuite, il est possible d’adopter des stratégies concrètes : apprendre à déléguer, limiter les vérifications constantes, poser des limites claires entre travail et vie personnelle, et instaurer un climat de confiance avec ses collègues. La thérapie cognitivo-comportementale peut aider à restructurer les pensées intrusives et à développer de nouvelles habitudes. Enfin, la bienveillance, qu’elle vienne de soi ou des proches, est essentielle pour accompagner une personne qui souhaite se libérer progressivement de cette dépendance.

Reprendre le contrôle de sa vie

Travailler fait partie de la vie, mais cela ne doit pas prendre toute la place. Il s’agit de trouver un équilibre, de savourer ses réussites sans s’épuiser et de réinvestir son énergie dans ses relations et ses passions. Tu peux créer une vie où le travail soutient ta vie, et non l’inverse.

Et toi, qu’est-ce que tu pourrais changer cette semaine pour retrouver du souffle et du plaisir en dehors du travail ?

Sources : https://ici.radio-canada.ca/ohdio/premiere/emissions/les-eclaireurs/segments/chronique/96166/ergomanie-workaholisme-nicolas-chevrier-psychologie-travail  et https://www.revuegestion.ca/comportements-toxiques-au-travail-le-type-ergomane et https://www.carrierologie.uqam.ca/index.php/2004/haro-sur-lergomanie-au-quebec-etude-dexploration/

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