Lorsque j’ai commencé ma carrière de conseillère d’orientation, il m’est souvent arrivé de me sentir anxieuse et de douter de mes compétences. On aurait dit que j’avais peur que ma supérieure débarque dans mon bureau en disant : « Je sais ton secret! Tu n’es pas une vraie c.o. ! »
Ce sentiment fait partie des symptômes d’un phénomène qui se nomme le syndrome de l’imposteur (SI).
Symptômes
- Sentir que tu ne mérites pas ton succès (poste, promotion, etc.) et que ce dernier est dû à la chance ou aux autres et non à ta compétence.
 - Impression que tu risques d’être découvert à tout moment comme étant incompétent.
 - Te sentir beaucoup moins compétent que tes collèges
 - Difficulté à apprécier ton succès et tendance à ne pas croire les compliments (pas mérité)
 
Profil des victimes du SI
- Reconnu par tes collègues et superviseur comme étant compétent.
 - Doute de soi et anxiété de performance
 - Voir que tes erreurs et banaliser tes bons coups
 - Penser que tu dois travailler plus fort que les autres pour obtenir le même niveau de succès
 - Peur et culpabilité par rapport à la réussite
 - Tendance à te remettre constamment en question
 
Cercle vicieux du syndrome de l’imposteur
- Nouveau projet/tâches/poste
 - Déni du succès passé
 - Anxiété, doute de soi et peur
 - Surcharge de travail et perfectionnisme
 - Succès, rétroaction positive
 
Plus le cycle se répète, plus la fatigue (et même l’épuisement professionnel) s’installe et plus le niveau de performance est impacté (plus de temps pour faire une même tâche).
Dans quelles situations survient le SI?
- Premier emploi dans son domaine (après les études)
 - Nouvel emploi
 - Nouveau poste ou promotion
 - Être étudiant (contexte d’évaluation)
 - Première personne dans la famille à avoir du succès (statut social)
 - Enfant de familles qui connaissent déjà le succès
 
Le SI chez les femmes
Malheureusement, beaucoup plus de femmes vont souffrir du SI que d’hommes. Pourquoi?
Cela s’explique, entre autres, par les stéréotypes de genre qui associent spontanément l’expertise au masculin. Si les femmes sont parfois reconnues comme expertes, c’est souvent dans des domaines traditionnels féminins (soins des autres).
De plus, les opportunités d’accéder à des postes importants restent inégales entre les sexes, c’est souvent beaucoup plus long et difficile pour les femmes.
La sous-représentation des femmes dans ce type de poste et la discrimination basée sur le genre renforcent le syndrome de l’imposteur des femmes, les incitant à constamment prouver leur compétence pour légitimer leur place.
Quoi faire pour s’en sortir?
- S’observer, reconnaitre et vérifier si tu es victime du SI
 - Identifier les moments où les symptômes du SI sont plus présents.
 - S’en tenir uniquement qu’aux faits et chercher des preuves de ta compétence
 - Choisir une tâche moins importante et volontairement mettre moins d’effort ou de temps qu’à l’ordinaire, tout en effectuant un travail jugé satisfaisant.
 - Accepter la rétroaction positive comme étant réelle et ne pas la minimiser
 - Être bienveillant envers toi si tu vis un échec
 - Choisir d’être perfectionniste seulement dans les tâches les plus importantes
 - Reconnaitre que ton succès peut en partie être dû à la chance, mais aussi à tes compétences
 - Se mettre en mode apprentissage (normaliser les erreurs) plutôt que performance
 - Accepter les opportunités et les nouveaux défis
 
Quoi faire si l’on a un collègue qui souffre du SI?
- L’encourager à parler de ses peurs et de ses doutes et les prendre au sérieux (ne pas banaliser)
 - Être honnête et spécifique lorsque tu lui donnes de la rétroaction positive en donnant des exemples concrets.
 - Lui faire sentir que tu l’apprécies, surtout dans les périodes de doute.
 - L’informer sur le phénomène du SI
 - L’encourager à aller consulter un professionnel (conseiller d’orientation ou psychologue)
 
Sources: Dr. Pauline Rose Clance (1985), The Impostor Phenomenon: Overcoming The Fear That Haunts Your Success et Le syndrome de l’imposteur, la source du doute féminin au travail, Carolle-Anne Tremblay-Levasseur, Radio-Canada, publié le 8 mars 2019




