À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, je me permets de te rappeler les iniquités que subissent toujours les femmes dans le monde du travail.
Un petit historique
À partir des années 1860, le Québec et le Canada s’industrialisent. Les femmes et les enfants, payés moins, occupent souvent les pires emplois, avec de longues journées et de faibles salaires. En 1885, les femmes sont discriminées dans presque tous les secteurs, souvent cantonnées à des emplois mal rémunérés. Les premiers syndicats les excluent de certains postes.
Au début du 20e siècle, de nouveaux métiers dits « féminins » émergent, comme secrétaire ou téléphoniste, en plus des métiers traditionnels comme ouvrières ou institutrices. La Première Guerre mondiale permet à de nombreuses femmes d’entrer sur le marché du travail, mais la Crise économique de 1929 les frappe durement.
Pendant la Seconde Guerre mondiale (1939-1945), les femmes remplacent les hommes partis à la guerre dans les usines et d’autres secteurs. Après la guerre, bien qu’elles soient encouragées à retourner à la maison, l’essor de la société de consommation attire encore plus de femmes dans le secteur des services.
Les femmes jouent un rôle économique de plus en plus important au dans les années 60, mais elles restent exclues des postes de pouvoir. Dans les années 1970, grâce aux luttes féministes, leur présence sur le marché du travail augmente. En 1996, l’Assemblée nationale adopte la Loi sur l’équité salariale.
Aujourd’hui, les inégalités salariales demeurent, et les femmes occupent davantage des emplois précaires ou à temps partiel. L’écart salarial persiste, mais tend à se réduire.
L’iniquité salariale toujours d’actualité
En 2023, le salaire horaire moyen des femmes au Québec était de 30,90 $, comparé à 33,80 $ pour les hommes, soit un écart de 3 $. Bien que cet écart ait diminué depuis 1996, les femmes gagnent toujours moins, représentant 91% du salaire des hommes. Les inégalités salariales sont liées à des facteurs comme la surreprésentation des femmes dans des secteurs moins rémunérés, les impacts de la maternité et les choix de carrière liés à la famille. De plus, la Loi sur l’équité salariale ne couvre pas les petites entreprises (moins de 10 employés), qui représentent 71,7 % des entreprises au Québec.
Toujours en 2023, 24,5 % des femmes occupaient des emplois de faible qualité (faible salaire, qualification faible, occupée par une personne surqualifiée), contre 19,8 % des hommes.
Les femmes restent sous-représentées dans les postes de direction, représentant 31 % des cadres supérieurs, mais 40 % des cadres intermédiaires.
Harcèlement au travail plus fréquent
En 2024, au Canada, 47 % des femmes et 31 % des hommes ont déclaré avoir été victimes de harcèlement ou d’agression sexuelle au travail. Parmi les femmes, 44 % ont subi des comportements sexualisés inappropriés, 20 % des discriminations et 13 % des agressions sexuelles. Chez les hommes, 29 % ont vécu des comportements sexualisés inappropriés, 9 % des discriminations et 3 % des agressions sexuelles.
Conciliation travail-famille, ça s’améliore
Le Québec se distingue positivement en Amérique du Nord pour sa conciliation famille-travail, notamment grâce à la création du réseau public de services de garde à prix réduit en 1997 et à un Régime d’assurance parentale plus long.
La pénurie de main-d’œuvre pousse les entreprises à améliorer la conciliation travail-famille pour attirer et retenir des employés. Cependant, il reste encore du travail à faire, notamment la nécessité de changer la culture d’entreprise pour que ceux qui bénéficient de ces mesures ne soient pas pénalisés dans leur carrière.
Finalement, une meilleure conciliation passe aussi par un partage équitable des tâches à la maison, qui continuent d’incomber disproportionnellement aux femmes. En 2022, ces dernières consacraient encore 1 heure de plus que les hommes aux tâches domestiques.
Sources : Femmes et monde du travail, pariciladémocratie.com; Pourquoi les femmes gagnent-elles toujours moins que les hommes en emploi au Québec?, Observatoire québécois des inégalités (2024); Cadre des résultats relatifs aux genres : nouveau tableau de données sur le harcèlement en milieu de travail, Statistiques Canada (2024) ; Le grand bond en avant de la conciliation famille-travail, LeDevoir (Janvier 2025)




