Le retour au travail après un congé de maternité est souvent une période de transition à la fois attendue et redoutée. Pour plusieurs mamans, cette étape s’accompagne d’un mélange complexe d’émotions : la joie de retrouver une partie de soi, la peur de ne plus être aussi performante qu’avant, la tristesse de moins voir son enfant, et souvent, de la culpabilité. Culpabilité d’avoir hâte de retourner travailler. Culpabilité de laisser son enfant à la garderie. Culpabilité de ne plus se sentir aussi investie qu’avant.
Tu te sens comme ça? Je te rassure c’est normal.
C’est pourquoi aujourd’hui je te parle de culpabilité maternelle et de l’anxiété de performance qui l’accompagne souvent.
Cette petite voix qui te dit que tu n’en fais jamais assez
La culpabilité est une émotion complexe. Elle apparaît lorsque tu as l’impression d’avoir fait quelque chose de mal ou d’avoir manqué à un devoir. En soi, elle peut même être saine, elle montre que tu tiens à bien faire les choses, que tu veux répondre aux besoins de ceux que tu aimes, que tu veux réparer et que tu cherches à t’améliorer. C’est même le signe d’une bonne santé morale et émotionnelle.
Le problème, c’est que la culpabilité maternelle ne repose pas uniquement sur une faute réelle, mais souvent sur un idéal inatteignable. Et c’est à ce moment qu’arrive en scène une autre émotion : la honte. Tu te dis alors : « je suis une mauvaise mère ».
Le mythe de la mère parfaite
La culpabilité maternelle naît souvent du sentiment de ne jamais en faire assez, ni à la maison ni au travail. Cette émotion trouve souvent son origine danse les attentes sociales telles que celles qu’une “bonne mère” doit être toujours présente, aimante, patiente, disponible… Et qu’une “bonne employée” doit être engagée, fiable et productive.
Aujourd’hui, le modèle de la mère parfaite est partout : dans la culture, les médias, les réseaux sociaux. Ces images façonnent tes propres standards et créent une norme impossible à atteindre. C’est ce décalage entre ce que tu crois devoir être et ce que tu peux réellement faire qui alimente ton sentiment de culpabilité. Tu as alors l’impression d’abandonner ton enfant en partant travailler ou de négliger ton emploi lorsque tu t’absentes, car ton enfant est malade. Comme si aucun scénario n’est parfait et que peu importe ce que tu décides, tu seras toujours perdante quelque part. C’est ce conflit de rôle permanent qui nourrit la culpabilité.
Ce besoin d’être « à la hauteur » dans tous les rôles est souvent du perfectionnisme déguisé. Le perfectionnisme n’est pas toujours mauvais, il peut motiver, inspirer, pousser à donner le meilleur de soi, mais il devient toxique quand il s’accompagne d’attentes irréalistes, d’un sens du détail qui vire à l’obsession et d’une peur constante de l’échec. Tu te crées alors une prison intérieure ou tu t’épuises à essayer de concilier l’inconciliable.
Performance au travail: ce besoin de prouver qu’on est aussi bonne qu’avant
Avant la maternité, ton travail était peut-être un lieu d’accomplissement ? Tu t’y sentais compétente, reconnue, efficace. En revenant, tu veux prouver que tu es efficace, productive, et surtout, que la maternité ne t’a pas ralentie. Mais dans les faits, ton énergie, ton temps et tes priorités ne sont plus les mêmes. Chercher à performer comme avant, c’est ignorer les nombreux changements associés à la maternité. C’est se fixer un objectif impossible à atteindre.
Se libérer de la culpabilité liée à la performance, c’est d’abord reconnaître que tout ne peut pas être égal. Certains jours le travail prendra plus de place et d’autres, ce sera la famille. Certains jours tu seras plus fatiguée et d’autres moins. Revenir au travail, ce n’est pas redevenir la personne que tu étais avant. C’est apprendre à être toi, autrement et surtout à respecter tes limites avec bienveillance.
Se défaire de la culpabilité ou faire la paix avec l’imperfection
La première étape consiste à reconnaître que ton temps et ton énergie ne sont plus les mêmes et que c’est normal. Ensuite, tu peux t’interroger : est-ce que ce que je m’impose est réaliste? Est-ce que j’agirais avec la même sévérité envers une amie dans ma situation?
La culpabilité s’apaise quand on s’accorde la permission d’être “assez bonne”. Un bon mantra à se rappeler : « Faire moins, mais mieux ». Soit faire de son mieux avec l’énergie du moment. Être « juste assez » dans chacun de ses rôles sans exiger la perfection, reconnaître ses limites, accepter les périodes de déséquilibre et ne pas y voir un échec. Cela commence par un simple changement de regard : remplacer « je devrais être meilleure » par « je fais du mieux que je peux avec ce que j’ai aujourd’hui ». Il s’agit de faire ce qui est cohérent avec toi selon tes priorités et tes ressources du moment.
Un nouveau regard sur la réussite professionnelle
Et si tu redéfinissais ta réussite sans renoncer à tes ambitions ? Pas comme une quête de performance, mais comme une recherche de cohérence avec tes valeurs. Le succès, c’est peut-être simplement d’utiliser tes talents pour contribuer à quelque chose qui te ressemble.
Reprendre le travail après avoir eu un enfant ce n’est pas seulement retrouver un poste, c’est redéfinir ta relation au travail. Peut-être que tu recherches maintenant plus de sens, de flexibilité, ou simplement un meilleur équilibre? Peut-être que le succès ne réside pas dans la perfection, mais dans la cohérence entre ce qu’on fait et ce qu’on valorise? Je t’invite à y réfléchir.
En conclusion
Nos enfants n’ont pas besoin de mères parfaites, mais de mères présentes, authentiques, bienveillantes envers elles-mêmes et heureuses. En fin de compte, la question n’est pas « comment tout faire? », mais « qu’est-ce qui mérite réellement mon énergie aujourd’hui ».
Si tu souhaites poursuivre ta réflexion, je t’invite je t’invite à lire mes deux autres articles sur la charge mentale et la conciliation travail-famille (catégorie Femmes et carrière), deux réalités étroitement liées à ce que tu vis peut-être en ce moment.
Dans mon dernier article de cette série, je te parle des choix qui s’offrent à toi : rester dans ton emploi actuel, changer d’employeur ou te réorienter.
Sources : Le mythe de la mère parfaite (L. Zéphir et J. Brazeau) et Maman travaille là-dessus (M. Champagne).




