On entend souvent que la charge mentale est une question d’organisation. Que tu devrais simplement mieux planifier, mieux déléguer, mieux respirer. Mais ce que tu vis, ce n’est pas un manque de compétences. Pour alléger cette charge, il ne suffit pas d’être « meilleure » : il faut changer nos dynamiques à la maison comme au travail.
Aujourd’hui, je te partage des solutions concrètes, certaines que j’ai essayées moi-même et d’autres que je trouve pleines de potentiel.
À la maison : reconstruire l’équilibre en équipe
La charge mentale ne disparaîtra pas par magie à la maison. Elle demande une redistribution des rôles, une communication plus ouverte, et surtout, une conscience commune que ce poids ne devrait pas reposer sur les épaules d’une seule personne.
Parler de charge mentale… même avec les enfants
Je t’invite à impliquer tes enfants dès le plus jeune âge : leur parler de responsabilités, de partage des tâches afin de déconstruire doucement les stéréotypes de genre.
Organiser le quotidien à plusieurs
N’hésite pas à donner des tâches domestiques à tes enfants (selon leur âge évidemment). En plus de diminuer ta charge mentale, cela permettra aussi de leur apprendre des choses qui leurs servira une fois adulte. Pour ce faire, utilise des outils qui facilite le partage des tâches dans la famille et évite les rappels :
- Listes de tâches ou calendriers communs (alarmes) sur des applications partagées : tu peux ajouter des tâches, chacun peut voir ce qu’il a à faire et cocher ce qui est fait.
 - Réunions de famille pour discuter de ce qui fonctionne, ajuster au besoin, répartir les tâches et entendre les idées des enfants (avec bien sûr un droit de veto).
 
Collaborer avec ton partenaire
Invite ton partenaire à être dans une posture d’ouverture, pas de défense. Essaie de lui faire comprendre que tu as développé une certaine expertise en la matière et que tu peux lui donner des conseils pour qu’il soit plus efficace dans la tâche que tu lui donnes. Nomme que tu ne veux pas le contrôler mais que tu veux lui simplement transmettre de l’information.
Si jamais tu sens beaucoup de résistance, voici un petit exercice pour t’aider : pendant deux semaines, chaque partenaire note toutes les tâches effectuées et le temps que ça lui prend. Ce simple exercice peut ouvrir les yeux sur l’ampleur du travail invisible et révéler des tâches qu’on ne savait même pas que l’autre faisait.
Accepter que tout ne sera pas parfait
Accepter que les choses ne soient peut-être pas faites comme tu le souhaites. Lâcher prise sur ce qui est moins visible (les vêtements pas pliés dans les tiroirs) ou moins important.
Laisser le temps d’apprendre
Afin d’éviter les nombreuses questions liées à une nouvelle tâche (ce qui est normal quand on apprend), qui peuvent devenir lassantes à la longue, pourquoi ne pas prévoir un moment précis pour les poser?
Au travail : créer un environnement qui soutient les femmes
Bonne nouvelle : les milieux de travail ont un vrai pouvoir de transformation. Voici des pistes concrètes pour alléger la charge mentale des femmes :
Responsabiliser les pères : Encourager et normaliser leurs implications dans les tâches parentales, dès le congé de paternité.
Offrir plus de flexibilité : Télétravail, horaires ajustés, possibilité de temps partiel, congés familiaux et surtout du contrôle sur son emploi du temps.
Reconnaître les formes de travail invisibles : Adapter les critères de performance, notamment dans les milieux exigeants pour tenir compte de la charge mentale des femmes au travail et à la maison.
Sensibiliser les gestionnaires aux iniquités entre les hommes et les femmes : Faire en sorte que d’avoir un milieu de travail harmonieux est une responsabilité commune.
Créer une culture de soutien : Transparence dans les promotions, mentorat, valoriser le développement de relation de confiance et le sentiment de sécurité.
Transformer le modèle du « bon employé » : Briser l’image du travailleur sans attache, toujours disponible. S’assurer d’avoir dans des postes de directions la présence de modèles qui contribuent à changer les représentations du « travailleur » parfait.
Ce que tu dois retenir
La charge mentale ne disparaîtra pas en se disant juste qu’on va « mieux s’organiser ». Elle exige des changements réels, à la maison comme au travail. Elle demande qu’on arrête de viser un idéal inatteignable pour revenir à l’essentiel : être assez.
Pas parfaite. Pas performante sur tous les fronts. Juste assez. Pour soi, pour ses enfants, pour sa santé mentale.
Et si on commençait à valoriser ça?
Sources : Rapport de recherche : Synthèse des connaissances sur la notion renouvelée de charge mentale : Constats et invisibilités sur la santé et le bien-être des femmes, 2021. Balado – Mam discute – Épisode 4 : La charge mentale avec Émilie Ouellet, 2024.




